Halyomorpha halys (Stål, 1855) - La punaise diabolique

⚠️ Attention !

Depuis le 01 janvier 2024, nous ne collectons plus les données de signalement de la punaise diabolique en France avec l’application AGIIR !

1 Présentation de l’espèce

⚠️ Le texte ci-dessous est extrait de la fiche descriptive de la punaise diabolique que nous avons préparée pour l’application Agiir (https://ephytia.inrae.fr/fr/C/20532/Agiir-Punaise-diabolique).

1.1 Critères de reconnaissance de la punaise diabolique

La punaise diabolique, Halyomorpha halys (Stål, 1855), appartient au sous-ordre des Hétéroptères. Ceux-ci se reconnaissent à leur appareil buccal de type piqueur-suceur (le rostre, ou trompe) et la présence d’ailes antérieures constituées de deux parties : une partie coriacée (la corie) et une partie membraneuse (membrane), disposées à plat sur le dos. La punaise diabolique appartient à la famille des Pentatomidae. Le critère de reconnaissance caractéristique de cette famille est le scutellum très développé qui s’étend au-delà du milieu de l’abdomen (voir la planche des critères de reconnaissance ci-dessous).

La punaise diabolique peut être confondue avec d’autres espèces de punaises européennes de la même famille, mais elle possède des caractéristiques particulières qui permettent de la distinguer.

🔍 Cinq critères (tous nécessaires) permettant de reconnaître la punaise diabolique adulte
  • Absence d’épine sous l’abdomen
  • Antennes foncées avec un anneau clair à la base et au sommet de l’article IV et un anneau à la base de l’article V (la disposition est importante, deux d’entre eux se touchent)
  • Taches brunes allongées sur les membranes des ailes antérieures
  • Alternance de blanc et de noir sur les côtés de l’abdomen en face dorsale (connexivum)
  • Quasiment aucun poil sur la face dorsale

La punaise diabolique est une punaise de grande taille (12-17mm de longueur pour 7-10mm de largeur) de couleur brun grisâtre tirant parfois sur le rougeâtre avec une ponctuation foncée. Les larves se distinguent des adultes par l’absence d’ailes ou par la présence d’ébauches alaires aux stades IV et V. Les antennes des larves ne possèdent que 4 articles tandis que l’adulte possède des antennes à 5 articles. À partir du deuxième stade de développement, les larves de la punaise diabolique possèdent plusieurs critères caractéristiques permettant de les distinguer des autres punaises de la famille des Pentatomidae.

Halyomorpha halys
🔍 Quatre critères permettant de reconnaître les larves de punaise diabolique à partir du stade II
  • Tête rectangulaire avec une paire d’épines devant les yeux
  • Antennes noires avec une tache blanche à l’extrémité de l’article III
  • Une série d’épines sur les côtés du thorax
  • Pattes foncées avec des taches blanches
Halyomorpha halys
Larve d’Halyomorpha halys

La planche ci-dessous regroupe plusieurs espèces de punaises européennes ressemblant à la punaise diabolique. Les tailles relatives des espèces sont respectées.

Halyomorpha halys
Espèces pouvant être confondues avec Halyomorpha halys

1.2 Cycle de développement

Le cycle de vie de la punaise diabolique comprend un stade œuf, cinq stades larvaires et un stade adulte. Les œufs sont pondus sous la forme de plaques (ooplaques) à la surface des feuilles. Ils sont blanchâtres et arrondis. L’éclosion a lieu 3 à 6 jours après la ponte. Les larves de stade I restent sur les œufs. Elles sont rouges avec la tête et le thorax noirâtres. Les œufs et les larves de premier stade sont semblables aux pontes et larves d’autres punaises de taille similaire et appartenant à la famille des Pentatomidae. À partir du stade II, les larves se déplacent et présentent des caractéristiques morphologiques remarquables : une tête rectangulaire avec une paire d’épines devant les yeux, des antennes noires avec une tache blanche à l’extrémité de l’article III, une série d’épines sur les côtés du thorax et enfin des pattes foncées avec des taches blanches.

Halyomorpha halys
Cycle de développement d’Halyomorpha halys

En Europe, la punaise diabolique effectue 1 à 2 générations par an, mais elle peut en avoir jusqu’à quatre ou plus dans le sud de sa zone d’origine, en Chine. Chez les populations qui ne réalisent qu’une seule génération par an, les nouveaux adultes ne sont pas immédiatement matures sexuellement et ne se reproduisent que l’été suivant. Les adultes passent l’hiver dans des abris secs comme les écorces d’arbres morts, les crevasses de bâtiments, voire les véhicules ou à l’intérieur des maisons. On peut alors assister en automne à des invasions spectaculaires causant des nuisances domestiques. En Europe, les adultes sortent d’hivernation et commencent à se nourrir dès le mois d’avril. La reproduction se déroule durant le printemps et l’été et la ponte des œufs a lieu en juin et en août.

1.3 Plantes hôtes et dégâts

La punaise diabolique est polyphage : on a répertorié plus de 170 espèces végétales pouvant être consommées. Ces plantes appartiennent à de nombreuses familles botaniques. Parmi les plantes hôtes d’intérêt économique figurent plusieurs arbres fruitiers, comme les pêchers, nectariniers, pommiers, poiriers ainsi que les noisetiers, les kiwis et la vigne. Les petits fruits sont également attaqués, ainsi que les plantes herbacées telles que les légumes, les plantes ornementales et les grandes cultures (maïs, soja). La punaise diabolique se nourrit surtout des organes reproducteurs de la plante. Elle provoque des marques et des déformations sur les fruits lorsqu’elle insère ses stylets pour se nourrir. Ces dégâts peuvent entraîner une baisse de rendement suite à l’avortement des bourgeons floraux ou à la chute des jeunes fruits.

Même de faibles populations peuvent être suffisantes pour causer des pertes de récolte importantes. Sur la vigne, il a été montré que la punaise diabolique peut affecter la qualité du vin. En effet, lorsque les punaises sont présentes sur les grappes de raisins elles peuvent être emportées durant la récolte puis broyées avec les baies. Elles libèrent alors des substances qui altèrent l’arôme du vin.

Actuellement, aux USA, la punaise diabolique cause des dégâts importants à de très nombreuses cultures. En Europe, des dégâts ont été signalés à partir de 2015 en Italie, spécialement dans le Piémont. En France, les premiers dégâts imputés à la punaise ont été signalés en 2018 (vergers de kiwi du Sud-Ouest), et en 2019 (Savoie). Depuis 2020, la punaise diabolique provoque des dégâts dans l’ensemble du Sud-Est de la France.

1.4 Contrôle des populations dans les cultures

Des pistes de recherche sont explorées pour contrôler les dégâts en cultures fruitières, comme l’utilisation de filets insect-proof dans les vergers pour protéger les fruits des piqûres de punaises. Le suivi des populations est réalisé avec des pièges à phéromones. La lutte biologique avec des parasitoïdes oophages est également à l’étude : Anastatus bifasciatus, qui est présent en France, et plusieurs espèces appartenant au genre Trissolcus, sont en cours d’étude.

1.5 Nuisances domestiques

La punaise diabolique est également connue pour les nuisances domestiques que causent les adultes lorsqu’ils envahissent, parfois de façon très impressionnante, les habitations à l’automne, au moment où ils recherchent un abri pour hiverner. Ces infestations sont toutefois sans impact sur la santé humaine ou sur celle des animaux : la punaise diabolique est inoffensive.

1.6 Historique de l’invasion

La punaise diabolique est originaire d’Asie. Elle est largement répandue en Corée, en Chine, au Japon et à Taïwan. Elle a probablement été introduite aux États-Unis avant 1998 mais n’a été officiellement détectée qu’en 2001 (Pennsylvanie). Elle a ensuite progressivement colonisé le Nord de l’Amérique et le Canada. Quelques années plus tard, elle était détectée en Europe : en 2004 au Liechtenstein et en Suisse. L’invasion s’est ensuite poursuivie dans plus de 20 pays, du Portugal à la Turquie, et de la Belgique à l’Italie. La punaise diabolique est également présente au Maroc (2019) et en Algérie (2021). Elle a également été détectée au Chili en 2017. Plusieurs interceptions ont été réalisées lors de contrôles de marchandises aux frontières en Australie, Nouvelle Zélande et Nouvelle-Calédonie, mais jusqu’à présent aucune population n’a pu s’établir dans ces pays.

La punaise diabolique a été observée pour la première fois en France en 2012, dans la banlieue de Strasbourg. Confondue avec Rhaphigaster nebulosa dans un premier temps, elle n’a été signalée officiellement qu’en 2013. Sa présence a alors été confirmée en Alsace autour de Strasbourg puis quelques spécimens ont été capturés à Paris. Depuis la création de l’application Agiir (voir la documentation disponible sur notre site) et grâce aux signalements du public, nous avons été en mesure de suivre l’expansion de l’insecte en France. En quelques années, et particulièrement à partir de 2015, l’invasion s’est accélérée et la majorité des départements ont été colonisés. Vous pouvez visualiser les résultats de cette étude ci-dessous.

2 🔥 Visualiser la carte des signalements AGIIR

Voici deux cartes de distribution. La première est construite à partir des données de sciences participatives recueillies par l’application AGIIR. La seconde carte est complétée par les données disponibles dans la base de données GBIF.

2.1 Données de l’application AGIIR

Les données utilisées ci-dessous sont celles qui ont été publiées dans Streito et al. (2021) ajoutées aux signalements remontés par l’intermédiaire de l’application AGIIR jusqu’en septembre 2023.

La carte indique les signalements valides reçus sur l’application AGIIR entre 2014 et janvier 2023. On appelle signalement valide un signalement envoyé via l’application AGIIR pour lequel l’identification de Halyomorpha halys a été validée par nos soins.

Astuce

Passez votre souris sur la carte pour visualiser le nom des départements et la date du premier signalement. Vous pouvez également zoomer en utilisant le menu apparaissant en haut à droite de la carte lorsque vous déplacez le curseur sur l’image.


2.2 Données de l’application AGIIR et données GBIF

Les données utilisées ci-dessous sont celles qui ont été publiées dans Streito et al. (2021) ajoutées aux signalements remontés par l’intermédiaire de l’application AGIIR jusqu’en septembre 2023 et aux données disponibles dans la base de données GBIF (GBIF Occurrence Download https://doi.org/10.15468/dl.7uh7s9 Accessed from R via rgbif on 2023-10-24).

Astuce

Passez votre souris sur la carte pour visualiser le nom des départements et la date du premier signalement. Vous pouvez également zoomer en utilisant le menu apparaissant en haut à droite de la carte lorsque vous déplacez le curseur sur l’image.


2.3 Références bibliographiques

  • Streito, J.-C., Chartois, M., Pierre, É., Dusoulier, F., Armand, J.-M., Gaudin, J., Rossi, J.-P., 2021. Citizen science and niche modeling to track and forecast the expansion of the brown marmorated stinkbug Halyomorpha halys (Stål, 1855). Scientific Reports 11, 11421. https://doi.org/10.1038/s41598-021-90378-1

Jean-Pierre Rossi, Jean-Claude Streito & Marguerite Chartois, 19 September, 2024