Popillia japonica (Newman, 1838) - Le scarabée japonais

1 Présentation de l’espèce

⚠️ Le texte ci-dessous est extrait de la fiche descriptive du scarabée japonais que nous avons préparée pour l’application Agiir (https://ephytia.inrae.fr/fr/C/27002/Agiir-Le-scarabee-japonais).

1.1 Critères de reconnaissance du scarabée japonais

Le scarabée japonais, Popillia japonica (Newman, 1838) est un coléoptère : il a des élytres (ailes antérieures coriaces formant une « carapace ») et appartient à la famille des Scarabaeidae. Ses antennes son terminées par des feuillets mobiles. Le scarabée japonais peut être confondu avec plusieurs espèces de scarabées ou de hannetons européens, mais il possède des caractéristiques permettant de le différencier.

🔍 Quatre critères pour reconnaître le scarabée japonais adulte
  • Tête, thorax, abdomen et pattes vert métallique, les élytres brun cuivré
  • Dessus peu poilu très brillant
  • Des rangées de soies blanches sous l’abdomen qui apparaissent de dessus sous forme de touffes blanches très caractéristiques
  • Taille moyenne : 10 mm environ de long et 6 mm de large
Popillia japonica

La planche ci-dessous regroupe plusieurs espèces de scarabées et de hannetons européens qui ressemblent au scarabée japonais. Les tailles relatives des espèces est respectée.

Popillia japonica

1.2 Cycle de développement

Le cycle du scarabée japonais comprend un stade œuf, trois stades larvaires, un stade nymphal et le stade adulte. Le cycle de vie du scarabée japonais dure un an, voire deux ans dans des régions les plus froides. Les œufs sont ovales, blanc crème et mesurent environ 1,5 mm. Ils sont pondus dans le sol jusqu’à 10 cm de profondeur par petits groupes de 2 à 4. Les larves sont des vers blancs avec des pattes brunes. Elles sont très difficiles à distinguer de larves des autres scarabées. Elles vivent dans le sol où elles se nourrissent de racines. Lorsqu’elles ont atteint leur développement complet, elles mesurent environ 25 mm. La nymphe est blanc ivoire et mesure environ 14 mm.

Les larves passent l’hiver enfouies dans le sol entre 25 et 30 cm de profondeur. Elles y sont à l’abri du gel et entrent en vie ralentie et cessent de se nourrir. Au printemps, les larves remontent dans le sol à 5 cm de la surface et se nourrissent de racines avant de se nymphoser. Elles passent entre 4 à 6 semaines au stade de nymphe.

Les adultes émergent entre la mi-mai et début juillet et vivent entre 30 et 45 jours. Ils commencent à voler lorsque la température atteint environ 21°C. Leur activité est réduite lors des jours venteux, pluvieux ou nuageux. Entre 7 et 10 jours après émergence, ils se nourrissent sur des arbres fruitiers, arbres d’ombrage et sur des plantes cultivées. Les femelles pondent ensuite entre 40 et 60 œufs dans le sol, jusqu’à 10 cm de profondeur, groupés par paquets de 2 à 4 œufs. Les larves éclosent 2 semaines plus tard.

1.3 Plantes hôtes et dégâts

Popillia japonica est polyphage et s’attaque à différentes plantes des jardins, espaces verts, forêts et cultures, par exemple l’arboriculture fruitière (fruits à coque, fruits à noyau (dont amandier), fruits à pépins, petits fruits), les cultures légumières (fraisier), les bois et forêts (érables, marronnier, bouleau, châtaignier, noyer, platane, peupliers, Prunus spp., rosier, saules, tilleul, orme), les grandes cultures (cultures industrielles et fourragères, maïs), jardins et espaces verts (jardins, gazons…) et la vigne.

Le scarabée japonais adulte se nourrit des feuilles en ne laissant que les nervures. Les dégâts sont caractéristiques : les feuilles des plantes attaquées sont découpées en dentelle. Les feuilles finissent par brunir et tomber. Le scarabée japonais peut également s’attaquer aux fleurs, par exemple aux étamines de maïs et empêcher les épis de se former correctement. Les larves se nourrissent surtout de racines de graminées (par exemple de gazon) mais peuvent également s’attaquer aux racines de fraisiers, de tomates, de maïs et de soja.

1.4 Historique de l’invasion

Popillia japonica est originaire du Japon. Il a été détecté pour la première fois aux États-Unis (New Jersey) en 1916 où il s’est progressivement établi, et a atteint le Canada en 1939. Il a été introduit accidentellement aux Açores (Portugal), sur l’île Terceira en 1980 puis s’est propagé sur les îles de Faial, Flores, Pico, São Jorge, Corvo et São Miguel. Il a été officiellement signalé pour la première fois en 2014 dans les régions de Lombardie et Piémont en Italie, toutefois des photos prises dès janvier 2012 attestent d’une introduction antérieure. Considérant l’étendue de la zone géographique où il a pu s’implanter, son éradication est désormais considérée comme impossible.

Plusieurs observations ont été signalées en Asie depuis 2011 : Vietnam (2011), Bhutan (2015), Chine et Taïwan (2020), Corée du Sud (2020). Le scarabée japonais a récemment été détecté au sud du Tassin (dans la commune de Novazzano) en Suisse au cours de l’été 2020 dans un vignoble, et en Angleterre la même année. Il est classé comme danger sanitaire de catégorie 1 présentant un risque majeur sur le plan environnemental, il est donc interdit d’introduction et de circulation en Europe.


Jean-Claude Streito & Marguerite Chartois, 19 September, 2024